L’écriture fait partie du toucher, elle est matière, elle est graphisme, elle est poésie.
Elle s’immisce dans l’oeuvre quelque fois à plein temps.
Les buvards
Les buvards associés
Enfouies en miroir dans le buvard, les écritures s’associent à un dessin et révèlent un imaginaire.
Les mots et les images s’entrechoquent à l’endroit ou à l’envers et tentent pour le regardeur toute une histoire.

Dans mon travail artistique, le jeu est souvent présent ce qui induit le jugement que ce serait destiné aux enfants. Mon art est sans aucun doute un prolongement de mon enfance. Je mentionne à l’occasion que ma première création artistique tactile était quand je jouais ‘au restaurant’ avec ma petite soeur où je modelais des steaks hachés, des tranches de saucisson, des haricots verts etc… dont la matière se rapprochait au plus près du réel. La notion de matière est aussi liée à mon enfance à la campagne où la diversité nourrit la sensibilité tactile (terre, plantes, animaux).
Il est probable que le toucher se perd par la vie citadine où la diversité de la matière est très restreinte : macadam, béton, briques de bois, sols caoutchouteux… et les parcs ne sont ouverts au toucher que par les allées et les pelouses.
Il nous reste le toucher des vêtements et de nos habitations mais qui n’égalera jamais le toucher de la nature, terre, végétal, eau, feu, air…
Je pense d’ailleurs que le thème ‘le toucher’ proposé pour la biennale d’art textile de Guimaraes est un sujet passepartout puisque le textile est par essence, tactile. Le critère de sélection était donc ailleurs que dans le sujet. Ce qui veut dire aussi que le toucher n’aurait pas de critère ou trop difficile à détecter et pour cause, le dossier de candidature se jugeait par des photographies envoyées par internet et des références artistiques (articles, galeries etc). Il serait intéressant de connaître comment le jury a pu juger les propositions des candidatures.


Le 7 juin
De retour de l’exposition Salo XII, salon du dessin érotique, d’oeuvres érotiques absolument toutes visuelles pour un sujet essentiellement tactile ! Le niveau artistique des oeuvres est très fluctuent qui va du nul au esthétiquement correct, l’ensemble pose au moins la question de l’érotisme par rapport au pornographique. En guise de conclusion de cette exposition bien décevante, l’érotisme est un sujet délicat.
Pour ce qui est de mon oeuvre tactile, je me suis bien défendu d’aborder le sujet. Par contre, l’érotisme peut s’immiscer inconsciemment et je pense notamment à une sculpture que j’ai réalisé dans les années 2000 et que je n’ai jamais montrée. La robe, 2003, soie, bois, métal, verre, élastiques, eau, cailloux, 116 X 55 X 55 cm.
D’apparence c’est une robe en soie vert d’eau surmontée à ses 4 épaules de 4 tubes métalliques au dessus desquelles sont posés 4 petits volumes (galets, épouvantail/alouette, boule fil de fer). A l’intérieur de ses 4 épaules, un tressage/nouage d’élastiques assez épais qui surplombe une petite bassine remplie d’eau.
Au toucher, la robe a la légèreté soyeuse qui se doit de sa texture et le tressage des élastiques évoque une toison avec son humidité dans la profondeur.
Je ne me souviens plus ce qui m’a motivé pour faire cette pièce qui est évidemment érotique et qui dans son toucher fait penser à un viol.
Le viol serait ici considéré alors par l’érotisme du toucher ? Je veux dire que par le fait de toucher cette profondeur humide cachée par des élastiques mi chair-mi poils par dessus une robe qui évoque le féminin, ce toucher là serait un viol puisqu’on ne lui demande pas son avis, il n’y a ni consentement ni refus. Et ce n’est pas non plus une masturbation. Ceci dit c’est peut-être que moi qui le pense comme ça.
Je pense aussi à Vénus que j’ai réalisé en 1992 d’une fourrure entre deux tapis de clous. Je pensais à la Vénus à la fourrure de Sacher-Masoch. Le tapis de clous est visuellement proche d’une fourrure bien que tactilement il n’est ni doux ni chaud comme une fourrure, ni douloureux comme supposent les clous. L’association cependant des deux textures, clous/fourrure révèle l’érotisme sado-masochiste tout en restant une simple juxtaposition de matières. Le corps n’est pas évoqué, il n’est présent que par le toucher et la vue, par le sensoriel donc. A croire que l’érotisme ne se montre que par son évocation.
Je dois avouer que la question de l’érotisme est difficile à considérer dans mon travail, peut-être ne suis-je pas la bonne personne pour y répondre. Pourtant la matière sensuelle y est présente tout en étant retenue par un côté conceptuel. Est-ce que je n’oserais pas y aller franchement ? M’amuser de cet érotisme comme je peux m’amuser de la religion par exemple ?
Je pense à une réalisation que j’ai faite dans la même mouvance que Pelouse interdite, Vénus, qui est sous X, une composition de tapis de clous et de peau d’agneau sous forme d’X.